scispace - formally typeset
Open AccessJournal ArticleDOI

Espaces mentaux. Aspects de la construction du sens dans les langues naturelles. Gilles Fauconnier, Les éditions de minuit, Paris, 216 p.

André Dugas
- Vol. 15, Iss: 2, pp 315-319
Reads0
Chats0
About
The article was published on 1986-01-01 and is currently open access. It has received 34 citations till now.

read more

Content maybe subject to copyright    Report

Tous droits réservés © Université du Québec à Montréal, 1986 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des
services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique
d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne.
https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/
Cet article est diffusé et préservé par Érudit.
Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de
l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à
Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.
https://www.erudit.org/fr/
Document généré le 25 août 2022 09:08
Revue québécoise de linguistique
Comptes rendus
Espaces mentaux. Aspects de la construction du sens dans les
langues naturelles. Gilles Fauconnier, Les éditions de minuit,
Paris, 216 p.
André Dugas
Volume 15, numéro 2, 1986
Linguistique théorique. Hommage à Judith Mc A’Nulty
URI : https://id.erudit.org/iderudit/602574ar
DOI : https://doi.org/10.7202/602574ar
Aller au sommaire du numéro
Éditeur(s)
Université du Québec à Montréal
ISSN
0710-0167 (imprimé)
1705-4591 (numérique)
Découvrir la revue
Citer ce compte rendu
Dugas, A. (1986). Compte rendu de [Espaces mentaux. Aspects de la construction
du sens dans les langues naturelles. Gilles Fauconnier, Les éditions de minuit,
Paris, 216 p.] Revue québécoise de linguistique, 15(2), 315–319.
https://doi.org/10.7202/602574ar

ESPACES
MENTA UX
Aspects de la construction du sens
dans les langues naturelles
Gilles
Fauconnier,
Les
éditions
de
minuit,
Paris, 216
pages
André
Dugas
Pendant plus
d'une
quinzaine
d'années,
Judith a été d'abord une
étudiante
brillante,
puis la jeune
chercheuse
prometteuse.
Elle
a été
enfin
une collaboratrice
compétente
à la
rédaction
des Cahiers de
linguistique
puis à la direction de la Revue
québécoise
de
linguisti-
que. Notre profonde
amitié
ne
s'est
jamais
démentie.
Dans le premier chapitre, l'auteur
présente
la
notion
d'image par rapport à
une
fonction
pragmatique qui lie deux objets au
sens
le plus
général.
Dans son
modèle, «les
espaces
mentaux seront
représentés
par des
ensembles
structurés
et
modifiables
des
ensembles
avec
des
éléments
a, b,
c,...,
des relations satis-
faites par ces
éléments
(R^b, R
2
a,
R
3
cbf),
et tels qu'on puisse leur ajouter de
nouveaux
éléments,
ou
établir
de nouvelles relations entre leurs
éléments»
(p.
32). Ces
espaces
sont
«distincts
des structures linguistiques, mais construits
dans
chaque
discours en accord
avec
les indications fournies par les expressions
linguistiques»
(p. 32).
D'un
point de vue pratique,
c'est
une
fonction
pragmatique qui
révèle
le
lien
entre l'auteur et son ouvrage
dans
(1)
Fauconnier se vend à la Coop de
l'UQAM
et qui
fait
signifier
2) à 1);
(2)
L'ouvrage
écrit
par Fauconnier se vend à la Coop de
l'UQAM.
La
relation entre le
déclencheur
(Fauconnier) et la cible (les livres de
Fauconnier) est
marquée
par le connecteur
écrivains/livres. Il
y a un
lien
prag-
matique entre
l'écrivain
et ses
livres.

316
ANDRÉ DUGAS
connecteur
déclencheur
«écrivains»
cible
«livres»
Dans ce chapitre, un
éclairage
nouveau est
apporté
aux
phénomènes
de
la
pronominalisation
dans
des
phrases
comme :
(3)
L'omelette est parti(e)
sans
payer; il
s'est
jeté
dans
un
taxi.
Un
traitement
original
des
indéfinis
suit.
Enfin,
l'auteur
procède
au
réexamen
de
problèmes d'intérêt
constant comme les
ambiguïtés
de type
opacité/transparence.
Les
interprétations
multiples correspondent
égale-
ment à
d'autres
types
d'espaces
:
espace
temps (dont le choix peut
dépendre
des indices grammaticaux temps et modes),
espace
spatial,
espaces
domaines,
espaces
hypothétiques.
Dans le second chapitre, l'auteur
considère
le cas où les
déclencheurs
(ou
des fonctions de
rôles)
et les connecteurs sont multiples. La
phrase
(4)
Le
président
change
tous les
sept
ans.
peut
signifier
(5) ou (6);
(5) L'individu
qui se trouve actuellement
président
change
tous les
sept
ans;
(6)
Il y a un nouveau
président
tous les
sept
ans.
Le
groupe nominal le
président
correspond à une description linguistique
définie
qui
identifie
une
fonction
de
rôle.
Dans (5),
l'interprétation (Mitte-
rand,
par exemple) nous donne une
propriété
de la valeur de ce
rôle
tandis
qu'en (6), une autre
interprétation
donne une
propriété
du
rôle lui-même.
Dans ce chapitre, Fauconnier poursuit le traitement des articles
indéfinis
qui
introduisent
de nouveaux
éléments
dans
les
espaces.
Les trois
autres
chapitres traitent de
problèmes
comme les oppositions
classiques
opacité/transparence, référentiel/attributif, générique/spécifi-
que, de
re/de
dicto,
projections des
présuppositions,
etc. Cet ouvrage
suppose
qu'on
connaît
les
difficultés qu'entraîne
le traitement de ces

ESPACES
MENTAUX
317
processus
mentaux à la convergence de la linguistique et de la philosophie
analytique.
Il
convient de rappeler que cet ouvrage ne va pas
dans
le courant
pragmatique au
sens
où l'on tient compte des
actes
de parole, des situations
de communication, etc. mais
développe plutôt l'idée
que les
processus
mentaux
impliqués
dans
la construction du discours interviennent à
dif-
férents
niveaux
cognitifs.
Des linguistes ont
voulu
traiter ces
problèmes
directement en termes de
conditions
de
vérité
pour les expressions linguistiques par rapport à des
situations
réelles,
ce qui a
donné lieu
à
quantité
de paradoxes. Les niveaux
cognitifs
intermédiaires
de Fauconnier
représentent
un agencement des
rapports de l'expression linguistique et de la
réalité
objective. Les courants
de la
sémantique
du mot et du discours ou de la
sémantique
generative, au
contraire,
cadrent
dans
une optique structurale relativement autonome pour
un développement
ou une prolongation des structures
dans
une direction ou
dans
l'autre. Les
études sémantiques
prennent la forme de descriptions
sémantiques
dans
le cadre de
Montaigu,
de
procédures
explicatives en
sémantique
generative, ou alors de formes logiques
étendues
à la surface
selon Chomsky. Pour les linguistes de ces courants, le
travail
sémantique
consiste à
repérer
les
ambiguïtés
dans
la
phrase
et à
élaborer
un
modèle
qui
représente
au moyen de dix ou
vingt
structures
différentes
autant de
sens
différents.
La
démarche
structurale vise donc à
dégager
ces structures d'un
niveau
plus ou moins
caché
de la langue. Le langage
présente
sous
la
même
forme
des
phénomènes entièrement différents
comme ceux de l'existence, de
l'implication,
des figures de style, de la quantification, etc.. Il en
résulte
des contenus logiques et ontologiques
entièrement différents.
La problématique
de Fauconnier se
démarque
tout à
fait
de ces
courants. Les
phrases
n'ont pas dix ou
vingt
structures; elles n'en ont
qu'une. Pour
lui,
la recherche en
sémantique
doit
plutôt
porter sur le
fait
que le langage
représente
de la
même façon
des
phénomènes très différents
et sur le
fait
que les
mêmes
principes
opèrent
dans
des domaines aussi
distincts
que la
métonymie,
les situations
hypothétiques,
les croyances.
L'hypothèse
de niveaux cognitifs distincts vise à
répondre
aux
interrogations
que posent ces
faits.
Les
phénomènes
de la
réalité
et ceux de
l'expression proprement dite convergent vers ces niveaux qu'on ne peut re-
pérer
ni à la surface de l'expression (les
signes
sont
absents
ou multivoques)
ni
dans
la
réalité
parce
qu'il
n'y a pas
d'identité réelle
entre les croyances, les
points
de la
durée
temporelle, etc.

318
ANDRÉ DUGAS
Il
ne faut pas
supposer
que le locuteur exerce un choix conscient pour
lever
les
ambiguïtés
de structure mais se rendre compte qu'au fur et à me-
sure
du
développement
de la construction mentale, il n'y a qu'un nombre
restreint de
possibilités
de cette construction.
C'est
comme pour un mur de
briques : le
maçon
n'a qu'une position pour la brique
qu'il
tient à la main.
Le fait
de
très
nombreuses positions de cette brique
n'apparaît
qu'à l'obser-
vation
d'un mur
déjà
construit.
Alors
que
l'innéité
du langage chez
Chomsky
si jamais on arrive à en apporter la preuve est restreinte au
domaine de la syntaxe, l'apprentissage des constructions mentales va de pair
avec
celui
du langage et ces
dernières
ne sont pas
réduites
à un niveau
particulier
de la description linguistique.
Les convictions de Fauconnier
dans
le domaine ne sont pas nouvelles :
elles sont le prolongement de ses
hypothèses
sur la
polarité,
le principe de
scalarité
qui
décrivent
des
phénomènes
de quantification non
repérables
dans
la langue
sous
forme de quantification logique. Dans une communica-
tion
personnelle
récente,
Tin
Huynh,
une
spécialiste
des travaux de Faucon-
nier,
m'a
pointé
du doigt des travaux de chercheurs qui
évoluent
dans
le
même
sens,
comme ceux de Johnson-Laird, de Langacker, de
Lakoff
ou de
Jackendoff. Cependant, elle m'a convaincu qu'ils
font
état
de
préoccupa-
tions
assez
différentes
et je suis d'accord
avec
elle pour dire que ceux de
Fauconnier constituent une
contribution
originale à
l'étude
d'aspects
de la
construction
du
sens
dans
les langues naturelles.
André
Dugas
Université
du
Québec
à
Montréal

Citations
More filters
Dissertation

Champs associatifs des noms propres et mecanismes de la compréhension textuelle

TL;DR: In this article, a ligne directrice du present travail participe pour l'essentiel de la semantique onomastique, and en particulier exploitite les theories des onomasticiens russes sur la problematique de l'unite propriale and de sa semantiques.
Journal ArticleDOI

Compositionnalité gestaltiste et construction du sens par instructions dynamiques

TL;DR: In this paper, a cadre theoretique dans lequel the dynamique d'interaction obeit a un principe de convocation-evocation is defined, i.e., the contribution of chaque composant elementaire depend de the contribution des autres composants presents dans l'enonce.
Journal ArticleDOI

Gestalt compositionality and instruction-based meaning construction.

TL;DR: A new model of meaning construction based on language comprehension considered as a dynamic process during which the meaning of each linguistic unit and the global meaning of the sentence are determined simultaneously is proposed.

Reference, agreement, evolving reference and the theory of mental representations

Anne Reboul
TL;DR: In this article, a general theory of reference is proposed, which attempts to give a unified theory of pronouns, but which takes the alternative way, that is the pragmatic control hypothesis, and it can also account for a class of rather bewildering examples, referred to by the name of evolving reference.
References
More filters
Journal ArticleDOI

Comprehension as the Construction of Mental Models

TL;DR: This paper proposed a theory of how language is understood, and gave some supporting experimental evidence that discourse is sometimes mentally represented in a form akin to that of perceived or imagined events, and showed that people do not construct a mental model of a discourse but rely solely on the linguistic code.
Journal ArticleDOI

Is there a linguistic level of logical representation

TL;DR: This work challenges the notion of logical level as conceived in several otherwise quite different theoretical frameworks, offering as counterexamples universal quantification across discourse, and quantification induced by polarity.