Réactions anaphylactoïdes aux substituts colloïdaux du plasma : incidence, facteurs de risque, mécanismes. Enquête prospective multicentrique française

TLDR: In this paper, the authors investigate the risk of reaction anaphylactoides due to the use of gelatines, dextrans, albumines, and amidons.

Abstract: Resume L'evolution dans les pratiques transfusionnelles conduit a utiliser abondamment les substitus colloidaux du plasma dont la gamme s'est recemment enrichie par la commercialisation des amidons. Le choix des substituts repose en partie sur la connaissance de leurs effets secondaires, dont les reactions anaphylactoides. Le but de ce travail a ete d'apprecier l'incidence et la gravite des reactions en fonction des types de substituts disponibles en France, de rechercher d'eventuels facteurs de risque et de determiner le mecanisme des reactions. L'enquete a ete prospective, realisee dans 49 etablissements hospitaliers publics et prives dissemines sur tout le territoire francais, et a dure 15 mois (juin 1991 a octobre 1992). Une feuille de recueil des donnees etait remplie pour tout patient a qui un substitut etait administre, qu'il y ait ou non incident. En cas d'accident, un bilan immunoallergologique etait realise en 2 temps : immediat pour permettre le dosage de tryptase serique, anticorps antigelatines, methylhistamine urinaire, et 4 a 6 semaines apres pour realiser les tests allergologiques cutanes. Le collectif etudie a ete de 19 593 patients qui ont recu des gelatines (48,1 %), des amidons (26,7 %), des albumines (15,7 %) et des dextrans (9,5 %). Il y a eu 43 reactions anaphylactoides representant une incidence globale de reactions de 0,219 % soit 1 reaction pour 456 patients traites. L'incidence a ete differente suivant les substituts : gelatines : 0,345 %, dextrans : 0,273 %, albumines : 0,099 %, amidons : 0,058 %. Dans 20 % des cas, ces reactions ont ete severes, de grade III ou IV. Par une analyse multivariee, 4 facteurs de risque ont ete isoles, independants l'un de l'autre : il s'agit de l'administration de gelatines (Odds Ratio = OR : 4,81), de dextrans (OR = 3,83) ; les antecedents d'allergie medicamenteuse (OR = 3,16), le sexe masculin (OR = 1,98). L'estimation du risque relatif de reaction anaphylactoide d'un substitut par rapport a l'autre a montre qu'avec les amidons le risque etait 6 fois moindre qu'avec les gelatines, 4,7 fois moindre qu'avec les dextrans. Le risque represente par les albumines etait 3,4 fois moindre qu'avec les gelatines et pratiquement identique a celui des amidons. Le bilan immunoallergologique n'a pu etre realise que chez 15 patients ayant recu des gelatines (Plasmion®). La preuve d'une anaphylaxie IgE-dependante a pu etre apportee chez 7 d'entre eux. En conclusion, il est apparu que, pour reduire au maximum le risque de reaction anaphylactoide, on devrait eviter d'utiliser les gelatines et les dextrans en cas d'allergie medicamenteuse anterieure. Il est necessaire de pratiquer un bilan allergologique en cas d'accident car celui-ci peut etre lie a la presence d'anticorps, cc qui contre-indiquerait l'administration ulterieure du substitut incrimine.